L’impatience directe des corps

Ré-édition sur Titania Tapes
Disponible en K7 et téléchargement + extraits du texte La béatitude des Hordes

Cassette/Boitier noir + livret de 5 pages imprimé sur papier vergé ivoire et extra blanc.

« Il était essentiel de conserver les mots d’Erell au plus près de sa composition sonore.
Un livret nourri des textes qui sont la chair de la cassette.
L’artiste a choisi les textes qui sont issus d’un livre à paraître.
Les mots ont toujours été une empreinte forte dans le travail d’Erell.
Leur compréhension, leur incompréhension sont autant de sonorités qu’ils suffit de recevoir. » Titania Tapes

LA BÉATITUDE DES HORDES

FRAGMENTS

(…)

SANS PEUPLE

Je les ai rejoints des mois avant la fin des marches, avant la plage. À chaque veillée, à chaque temps ensemble, je les ai vus procéder, prendre et chercher ce qui, chez l’autre, induirait l’approbation de la réalité des présences. Il fut un temps où la seule nécessité était de se rappeler la brûlante proximité de chaque membre de – ce qui allait devenir – la horde.

 (…)

Cohorte sombre, hommes et femmes indistincts, perdus, sans territoire. J’avais le territoire, ils avaient le peuple. Je ne voulais plus de mon itinérance orpheline sans masse pour m’entourer. Je partais tenter un autre type de proximité. L’organisation humaine a de ça que je désirais l’Autre toujours. Mon corps déficient allait pouvoir se rendre absent au milieu d’eux. Qu’ils me portent et m’amènent dans leur pauvre réunion d’errants. Peu importait, je ne laissais rien, je n’habitais pas.

(…)

EXPULSÉS

J’ai parlé avec eux et décidé de les suivre. De parcourir d’un bloc courbé des paysages qui peu à peu se déchireraient. Hem est le premier que j’ai rencontré. Celui dont, au fur et à mesure des expulsions et des déplacements, je suis restée le plus proche. On avait tous les deux trouvés notre langage, nos manières de dire et de signifier. Les autres au début, ils chuchotaient tous. (…)

Je précise et je veux préciser à tous ceux qui seront libres de m’entendre qu’Hem, maudit, était beau, que sa figure / quand elle se détendait / était le signe de ce que nous aurions tous voulu être à ce moment-là. Parce que toutes les fictions pouvaient bien s’inventer. L’expérience de nos imaginaires nous faisait vivre. Vraiment.

La foule des autres autour ne distrayait pas les récits qu’il me faisait partager. Les nuits, on les passait à parler de tout ce dont il pouvait se rappeler, pour ne pas perdre. Les restes des scintillements de ce que cela pouvait être d’être homme. Cela t’aurait plu, Is, de l’écouter. De fermer les yeux, après la fatigue du jour, et de suivre les histoires d’Hem. Tu te serais, comme moi, endormie aux plaisirs du son de sa voix. Il t’aurait juste fallu être là.

(…)

CE QU’ENVELOPPENT LES PAYSAGES

En partant avec eux je savais ce que je souhaitais voir. Ce n’était pas les autres et leurs morts que je désirais, mais les paysages enveloppés dans les autres et leurs morts.

(…)

J’avais vu les pleureuses déjà. Celles vraisemblablement chargées de signaler les afflictions rêches de tout le groupe. Avant même de m’entraîner sur la même route souvent sans arbre – c’est étonnant, à y repenser, le peu d’arbres – et de décider de les suivre sans relâche – il n’y aurait pas de rémission possible, ce serait mon dernier engagement – j’avais compris lesquelles se lamentaient pour la consolation de tous. Après, je les verrai disparaître une à une. Il n’y aurait plus personne pour prononcer le chagrin et faire persister une mélancolie.

(…)

SANS COÏT

Bien avant la meute / j’ai eu des rencontres improbables dans les asiles dans lesquels on me forçait à rentrer. Ces murs autour de moi. J’étouffais. Et je criais beaucoup. Je ne t’ai jamais vue venir, Is, dans une de ces bâtisses où l’on me cloîtrait, ces endroits où embarrassée de moi-même je ne discernais ni l’actualité de ma substance, ni celle des corps obséquieux auxquels – c’était sans forme de plaisir – je me frottais.

(…)

Je voulais l’indulgence d’être avec la masse. Ceux qui prennent leur part de monstrueux et qui, si on ne les éloigne pas, brouillent la face des normaux. On était tout une troupe, mise au ban, frappée d’interdiction de l’ordinaire. Dans chacun de ces hôpitaux, l’expérience de la solitude était rude et j’avais espéré vouloir tout plutôt que ça.

Et puis il y a eu un temps où ces accointances malades de nos parties d’intimité, ces animaleries controversées – et totalement dénuées d’instincts à la fin, je le reconnais –, n’ont pas suffi. Cette proximité aqueuse des corps n’a pas suffi. Nos prédations sexuelles ne ressemblaient plus à rien. Ils s’en sont aperçus et sont venus nous mater. Ils nous ont stockés dans une grande pièce et n’ont cessé de nous répéter : ne bougez pas, ne bougez pas – et après plus fort NE BOUGEZ PAS –.

Dans le dernier établissement, j’ai pris moi-même le chemin de la chambre d’isolement. Sans protocole ou prescription médicale. Aucun membre de l’équipe soignante n’avait émis la nécessité de m’y enfermer pour réduire l’anxiété que je pouvais transmettre, à eux ou aux autres. Imagine leur surprise, Is.

Arrivée au sas de sécurité – ils se ressemblent tous, un entre-deux chargé d’angoisse et de peur – je n’ai pas voulu hésiter et je suis entrée, limpide, dans ce local au lit scellé en position centrale. Je ne ressentais pas la violence imminente qu’il aurait fallu contrôler, dominer et assujettir, mais le pouvoir persistant d’une lassitude accablante. Dans la pièce, il restait juste la structure en fer. J’ai refermé la porte derrière moi. J’ai eu envie de vivre dans cette minuscule pièce à l’allure de tous les tombeaux.

J’ai entendu, à peine à l’intérieur, les verrous s’enclencher un à un. Je me suis allongée, le corps collé à un des murs / et je me suis dit « je ne bouge pas, je ne bouge pas ».

Je me suis endormie.

SCELLÉE EN POSITION CENTRALE

Je suis restée dans la chambre, je me suis forcée à la réclusion. Des jours, selon mes souvenirs. Avec aucune envie. D’être ailleurs, de manger, uriner ou d’aller exciter la soif des autres. Endormie, étendue, je les entendais à peine entrer et sortir.

Ils ne pouvaient pas me laisser mourir là, entre leurs murs, ils n’en avaient pas le droit, ils seraient poursuivis pour faute – grave – professionnelle. Je pense qu’ils n’en pouvaient plus d’observer l’immensité de ma léthargie. Je ne cherchais pas à leur faire payer quoi que ce soit. J’avais un endroit, une place, j’ingurgitais de la nourriture, donc je vivais. Un rituel s’était comme créé.

Ils me donnaient à manger. Je les laissais faire. J’appréciais la souplesse des visions que m’offraient leurs apparitions et je me laissais prendre par la langueur du détail des choses. Ma torpeur ne m’embarrassait pas. Les paralysies momentanées de mon corps ne m’importunaient pas. Je restais impotente, « SANS BOUGER », près du lit scellé en position centrale, à les sentir s’affairer, et de n’importe quelle manière, je vivais.

(…)

S’ASSEMBLER

(…)

Puis, avec Hem j’ai pris le pas d’un grand assemblement. J’ai pensé que nous garderions notre foule. Que nous avancerions – j’ai impérativement saisi l’idée d’un déplacement constant – en quantité stabilisée. Que nous serions même – c’était l’illusion que j’avais – une meute grandissante, formée à l’accueil pressé de tout individu proche de nos désespérances amassées. J’avais développé une crédulité nécessaire pour parvenir à emprunter leur sensibilité presque animale et m’arrimer à ce qui faisait matière chez eux – et prendre part à la horde –.

Nous étions de même nature, ils s’en apercevraient. Je n’avais – seulement – qu’à laisser le temps passer. Je donnais à voir mon corps – conditionné par d’autres périls, certes – mais fait d’une même urgence à disparaître. On partageait, sous des modalités différentes peut-être, je ne cherchais pas à pénétrer les peines de chacun d’entre eux.

(…)

Les marches ont commencé. Hem était là. J’avais le peuple.      

(…)                                                                                                    

SÉPARÉS DES NORMAUX

Nous continuions notre route et habitions des endroits délaissés provisoirement. Nous prenions abris. Que l’on prenne place dans des grands hangars, vides de tout – excepté la poussière, excepté les cadavres d’animaux rongés jonchant le sol –, des coins de ville en désordre ou des champs dont nous troublions – assurément – la jachère, nous étions immanquablement coupés de la société. Nous n’étions – au regard des autres – pas tout à fait humains. Ceux autour de nous – ceux qui n’étaient pas nous – exagéraient volontiers le périmètre d’une sécurité inventée. Une frontière factice qu’ils aimaient à se construire pour signifier qu’il n’y aurait jamais – au grand jamais ! – d’entité commune. Ils ne voulaient pas sentir l’étroitesse de nos proximités. Quelle que soit notre demeure – bâtiments à l’abandon, chantier désincarné, terrains goudronneux ou boueux – où que soit notre demeure – dans la ville ou hors d’elle-même – nous étions effectivement toujours trop proches. Nos formes – apparemment – navrantes gênaient. Être visible relevait d’une gageure émotionnelle épuisante. Les légitimes, ceux qui ne se posaient pas la question de savoir où déposer leurs corps à chaque fois que la nuit venait, étaient femmes hommes en permission de normalité, sans apparition des spectres du stigmate. Ils étaient. Reconnus par leurs semblables et confortés par leur majorité. Et nous, nous étions – juste – séparés des normaux. Affichés comme une catégorie nouvelle et à part entière, nous peuplions le monde autrement, en périphérie de la vie de l’espèce régnante et au centre des espoirs d’extinction qu’elle avait pour nous. Nos endormissements mêmes déplaisaient. Il ne nous fallait pas nous assoupir et montrer que nous étions – finalement – si proches d’eux dans nos mécanismes et sous nos peaux. L’impression indécise que nos présences produisaient nous rendait – presque – immortels, un grand nombre d’entre d’eux ne pouvait plus s’absoudre des sensations que l’on provoquait. Nos faces laissaient des traces, des sauvegardes imprégnées aux creux des esprits apeurés que nous croisions. Is, je n’avais pas voulu être ce point de mire à – absolument – éviter.

VISIBLE(S)

À ne pas savoir où habiter, où demeurer, il nous était impossible d’être invisibles. Et être visible confine à la disproportion. Nous étions armés en hardes déplaisantes, nous étions menace sur tout ce petit monde. Ils nous voyaient comme pullulant. J’avais beau enterrer de plus en plus de nous-mêmes (Hem était – dieu merci – toujours droit, toujours homme), ceux qui nous craignaient pensaient – pourtant – à nous comme un groupe à la croissance inaltérable. Nous n’avions rien fait mais nous étions – pourtant – quelque chose d’odieusement différent – apparemment –. La lie haïssable que ne supportait pas leur autorité. C’est cela qui nous rendait visibles. L’aversion déclenchée par l’arrivée de nos figures. Où que nous allions nous étions face à des hostiles. À mettre tant d’énergie à nous vouloir impensables, ils ne voyaient plus que nous. L’histoire se répétait, dès que nous arrivions dans un endroit, des marches longues derrière nous, les visages incommodes nous brusquaient. Ils ne voyaient plus les paysages, les vues d’ensemble fraîches et charmantes qui s’offraient à eux. Nous avions – pourtant – vite appris à ne pas arriver groupés, à nous introduire dans et hors des villes disséminés, afin de ne pas violenter l’abri que formaient leurs normes. Mais – pourtant – à force d’être maudits et repoussés, nous sommes devenus instantanément et durablement visibles. Que l’on soit un, deux ou plus, leurs regards étaient happés par ce qu’ils avaient appris à repérer comme étant notre monde. Et leur monde de connaisseurs pouvait très rapidement créer le récit de nos déviances et – alors – fabriquer l’incongruité de chaque membre de notre masse. En se sentant assiégés par l’immonde que nous représentions, ils nous avaient amenés à être remarqués par tous. Is, être à ce point visibles allait nous fragiliser. En se sentant tellement menacés, ils nous imposaient la lumière et devenaient – alors – nos rois. Nos plaies à force d’être incessamment visibles, étaient béantes, nous étions aux yeux de tous à sacrifier. Nous n’étions – alors – pas comme eux. On pouvait bien souffrir, c’est cette peine qui nous faisait cesser d’être ensemble et qui nous séparait des normaux.

UN CHANT TRAVERSANT

À suivre la béatitude des hordes, j’ai prolongé cet état d’être vue, d’être regardée. Dans les hôpitaux j’étais – toujours – surveillée. Avec la meute, nous étions – toujours – visibles. Dans un cas comme dans l’autre, le voyeurisme se confondait, s’entrelaçait avec le policier. Dans un cas comme dans l’autre, pour disparaître du radar il suffisait de mourir. Silencieusement qui plus est – ce qui était devenu une habitude absurde, nous mourrions silencieusement. Auparavant nos cris transperçaient, étaient là tout le temps, c’était au moins déchirant, – PARCE QUE NOS MORTS nous déchiraient. Il n’était plus question d’avoir de telles réactions. C’était tout simplement terminé, nous étions sans voix parce qu’il ne fallait pas déranger les Rois.

CLIMAT

Avec Hem j’avais suivi les pas de la horde. J’avais regardé, au début, les autres et leurs visages.

Les marches avaient commencé. Hem avait été là. J’avais eu le peuple. Et les paysages avec. Dépourvus, au début, de toute animosité, les brusques intempéries nous avaient rendus à notre impuissance. Après l’abondance des pluies drues qui s’étaient abattues sur nous, complètement ébahis à sentir l’orée désastreuse des corps décharnés, après ces déluges sans fin ni commencement, en cercles plus que violents autrefois naturels et aujourd’hui sans loi, après ces torrents qui auraient exhortés le plus fort d’entre nous à ne plus vouloir ne serait-ce qu’exister, après ces jours sans appels, nous avions perdu des hommes, une grande quantité de femmes et des enfants à n’en plus finir. Les mères – les louves, à ce stade –, les ravivaient inlassablement, pour les empêcher d’échapper et de les laisser, elles, SEULES dans ce rustre vide, au-delà de l’impossible à vivre sans eux.

 (…)

Alors, l’explicite de nos chairs n’avait qu’à vaciller.

(…)

S’il s’était s’agit, avant, de chercher à nous révolter, de soulever notre meute, aujourd’hui – sous ce climat – notre insurrection ne venait pas. Tous, morts comme vivants – comment le dire d’une autre manière ? Nous ne pouvions faire autrement qu’être un tout, pour accepter les disparitions et le dépérissement de notre groupe –. Tous, morts ou vivants, étions muets, sidérés, insidieusement protégés de toutes possibilités de dire ce qui nous frappait. Tous, que ce soient nos morts ou nos vivants, nous étions stupéfaits par la sévérité des circonstances et conditions que nous devions subir. Nous avions autrefois appris à porter une grande attention à ne pas laisser la masse se tarir. Qu’elle diminue, c’était notre ordre des choses.

(…)

Nous étions encore horde et pourtant nous étions néant ou presque. Au fur et à mesure des temps et des haltes sans repos, les rituels, qui nous tenaient – encore droits, encore hommes – ces rituels se sont estompés. Il me semble que, progressivement, sans larme ni cri, après, nous chargions nos priorités d’un autre essentiel. Pénétrés par l’ardeur violente de nos situations  nous ne pouvions qu’accepter l’impatience directe des corps à ne plus tenir.

(…)

Là, il n’y a aucune insurrection possible des corps. Nous marchons. Droits et sans geste.

(…)

L’EFFET DE LA GREVE

 Hem, donc, m’a prise, peut-être sauvée – un temps, seulement –. De la protection qu’il m’a donnée, il a, en échange, acquis l’opportunité d’une connivence. Nous étions deux à croire qu’il fallait avancer, qu’importaient les morts et les ruines qu’ils nous laissaient. Même quand nous avons compris que les mâles disparaissaient un à un, nous sommes restés, tous les deux, absolument fidèles à nos certitudes. Pourtant les naissances, quand elles arrivaient à terme et que le nourrisson daignait vagir, pousser la plainte essentielle requise, ne nous donnaient que des filles. Comme s’il fallait éteindre l’espèce que nous avions – apparemment – fondée. Peut-être – je ne vois pas d’autres raisons à cela – parce que nous étions, nous toujours vivants, nous nous devions de penser qu’il fallait que la horde continue d’exister. Et cela même s’il nous arrivait de prier pour que les mères aux enfants déjà – trop – esquintés meurent, parce qu’elles étaient prises aux bords d’une telle survie dès la naissance.

Hem est resté vaillant longtemps. Il n’avait fécondé personne, il n’avait jamais eu envie de toucher les femmes de la meute. Je pense que cela l’avait aidé à tenir, face à nos peines répétées. Il s’occupait – avec moi – des orées de corps glacés, étendus, qui à chaque fois tapissaient les sites où nous nous arrêtions. Au début nous devions insister auprès de chacun pour inhumer les traces restantes de nos compagnons. Comme nous n’avions pas le temps du deuil, il était difficile de faire que les vivants acceptent de se séparer de leurs morts. (Au début) nous prenions le temps de laver les cadavres et d’ôter leurs habits pour pouvoir nous en parer. Pour nous couvrir certes, mais c’était devenu comme une célébration aussi ; – je porte ce qui m’attache à vous –. On tremblait et pourtant on portait la mémoire de tous ; – je porte les lambeaux de ce que l’autre a porté de son vivant –. Les débuts ont cessé, les dépouilles s’amoncelaient et nos tortionnaires ne nous laissaient plus le temps de rien. Il n’y avait plus de commémorations, mais Hem étaient encore – en ces temps-là – toujours vivant. Nous ne cessions de nous dire qu’il fallait continuer parce que nous avions été légion.

MORT DE HEM

Il a été le dernier homme. J’ai écouté l’effacement lent de son langage. Et je l’ai serré, fort. Il a mis ses bras -frêles- autour de moi. L’étreinte de Hem, juste avant qu’il ne meurt.

(…)

Là où je suis aujourd’hui, il n’y a plus d’homme vénérable en cet instant. Les visages n’incarnent plus ni sexe ni âge. Les passés de chacun sont ici tus. Des jours que l’on est comme prisonnières. Le rythme paraît pourtant évident. Chaque soir nos mains se prennent pour entretenir la présence qui nous quitte si violemment chaque jour.

Le pire, ce sont les mères qui restent. Ce que les mères exigent doit être stupéfiant. Ici il n’y a plus d’attente. Être l’enfant de telle ou telle n’importe plus. Ceux et celles qui ne sont pas ce que nous sommes, leurs émotions insipides n’ont jamais eu la clairvoyance de celles que je côtoie tous les jours, de celles que je perds tous les jours. Il leur faudrait s’inquiéter de ne pouvoir jamais entendre cette horreur bien profonde qu’elles ont toutes (les vivantes) dépassée.

(…)

Je suis, finalement, à l’isolement ici aussi. J’ai juste l’honneur caduc d’être la dernière dans cet asile. Il n’y a plus personne pour m’enterrer après ou bien – même – savoir que je suis bien morte. Si personne ne me sait morte, je ne suis peut-être pas morte. Et si ce chemin est un pardon, ma peine est dérisoire alors.

Si je pouvais réellement mourir,

j’aurais pu penser à Hem, à son port loyal et à mon assiduité à le tenir,

et à toi, Is

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And still on Jason Lescalleet’s Glistening Examples
Available on CD and download

https://glisteningexamples.bandcamp.com/album/limpatience-directe-des-corps

Label : Glistening Examples / GLEX1905

Tracklisting : 1. Je ne bouge pas (17’08) 2. Séparé (e) (s) des normaux (11’37) 3. L’impatience directe des corps (9’15)

Composition, écriture, voix, prise de son, montage : Erell Latimier

Voix additionnelles : Camille Belohradsky, Will Guthrie

Remerciements : Olivier Brisson, Wilfried Morin, Annalee Rose

Mixage et mastering : Aigle noir

Création graphique: Danny Steve/ http://www.dannysteve.fr

La deuxième oraison des filles d’Orion

Commande d’écriture (texte et création sonore) pour le festival Midi-Minuit Poésie 2019  de la Maison de Poésie de Nantes, sur le thème « Poésie et imaginaire de l’espace ».  Lecture augmentée d’une navigation dans l’espace au Planétarium de Nantes

TEXTE

DEUXIEME_ORAISON

CRÉATION SONORE

« Tout reste… »

ÉCOUTER

« Tout reste à faire mais tout sera fait »

À l’origine de cette création sonore il y a l’histoire d’une rencontre entre une initiative citoyenne, l’ambassade du PEROU, laboratoire de recherche-action questionnant les marginalités urbaines et les habitants Roms et roumains d’un bidonville à côté de Paris. Continuer la lecture de « « Tout reste… » »